L'effet Janvier
Les marchés ont clôturé le mois de janvier en forte hausse, notamment en Europe où, cocorico, le CAC 40 a surperformé les actions américaines avec une progression de 7,72 % depuis le début de l’année, contre un peu moins de 3 % pour le S&P 500.
Historiquement, le rallye de début d’année s’explique en partie par la recherche d’avantages fiscaux : les investisseurs vendent leurs actions en fin d’année pour réinvestir leur capital en janvier.
Autre facteur : la publication des résultats des entreprises au premier mois de l’année influence les acteurs du marché, qui passent à l’achat si les perspectives leur semblent encourageantes.
Le secteur du luxe, en dépit de vents contraires, a surpris par sa bonne tenue, soutenu par les résultats de Richemont et Burberry, ainsi que par certaines small caps, à l’image de la maison italienne Salvatore Ferragamo, qui a rebondi de près de 15 % en un mois.
Du côté des banques, l’indice Euro Stoxx Banks affiche un gain exceptionnel de 7,6 % en janvier, démontrant sa solidité. Commerzbank illustre cette tendance en annonçant vendredi un bénéfice net annuel « record » de 2,68 milliards d’euros en 2024, en hausse de 20 % sur un an.
Dans l’IA, passait un chat nommé Deep Seek
1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière évaporés en une seule journée, dont près de 600 milliards pour Nvidia… qui s’approprie ainsi un nouveau record : celui de la pire perte en capitalisation boursière sur une journée dans toute l’histoire de la Bourse.
En cause ? Deep Seek, un agent conversationnel chinois développé avec un coût 30 fois inférieur à celui de ChatGPT, offrant gratuitement des performances similaires à ses concurrents, tout en étant beaucoup moins énergivore et moins gourmand en data centers.
Deep Seek répond quasiment à toutes vos questions, mais peut parfois se contrarier si vous l’interrogez sur la répression de la place Tian’anmen en 1989 (parlez-moi d’autre chose vous répondra le chat).
Quoi qu’il en soit, ce rival chinois à bas coût a fait trembler la tech américaine, qui investit des milliards dans des projets d’infrastructure comme Stargate, un programme de 500 milliards de dollars, contrastant avec les 5,6 millions de dollars initialement injectés dans Deep Seek.
Banques centrales : trajectoires opposées
Les deux grands argentiers du monde s’exprimaient cette semaine à l’occasion de leur première réunion annuelle.
Sans grande surprise, et au grand dam de Donald Trump, Jerome Powell est resté hermétique à la pression du président américain, qui exigeait une baisse des taux. Le président de la FED a logiquement pris en compte la vigueur de l’économie américaine ainsi qu’une inflation annuelle de 2,6 %, encore au-dessus de l’objectif fixé par la Réserve fédérale.
En Europe, alors que la croissance devrait être limitée à 1,3 % en 2025 et que les anticipations d’inflation pour l’année en cours sont estimées à 2 %, Christine Lagarde a procédé à une cinquième baisse de taux consécutive, portant le taux d’intérêt des dépôts à 2,75 %.
Néanmoins, alors que certains attendaient une baisse de 50 points de base, la présidente de la BCE est restée prudente, refusant de s’avancer sur d’autres baisses. Elle préfère décider « réunion par réunion », en fonction des données macroéconomiques.
Vincent BARBIER
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