Le temps des promesses, le temps des preuves
La semaine a été particulièrement chargée avec la FED qui sort (enfin) le sécateur à taux, une BCE qui garde ses ciseaux dans la poche, et Xi Jinping & Trump qui rejouent leur « je t’aime, moi non plus » sur fond de droits de douane sans oublier les résultats contrastés des géants de la tech qui reste le moteur visible des marchés.
Entre espoirs monétaires, promesses diplomatiques et ambitions technologiques, le marché entre doucement dans le temps des preuves.
Comme le rappelait Jacques Chirac avec son sens du réalisme : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. »
Les investisseurs, eux, semblent désormais attendre les preuves avant d’y croire à nouveau.
Banques centrales : agir sans s’emballer
Dans un premier temps, les marchés ont bien accueilli la décision de la Fed, largement anticipée et déjà intégrée dans les cours : une baisse d’un quart de point des taux directeurs, ramenés dans une fourchette de 3,75 % à 4 %. Un geste salué, mais vite refroidi.
Dès le lendemain, plusieurs responsables de la banque centrale ont tenu à rappeler que l’inflation restait tenace et que chaque baisse rapproche désormais la politique monétaire d’un niveau « neutre », donc moins efficace pour freiner la hausse des prix.
Cette décision intervient, en outre, dans un contexte pour le moins particulier : les États-Unis sont en plein shutdown budgétaire.
Environ 750 000 à 900 000 employés fédéraux ont été mis en congé forcé depuis le 1er octobre tandis que plusieurs centaines de milliers d’autres travaillent sans rémunération immédiate.
Les services publics sont partiellement paralysés : parcs nationaux fermés, aides alimentaires suspendues, et surtout publication de certaines données économiques retardée, notamment les chiffres de l’emploi, pourtant essentiels pour guider la Fed dans ses décisions.
En Europe sans surprise, la BCE a maintenu ses taux inchangés lors de sa dernière réunion : le taux de dépôt reste à 2,00 %, et le taux de refinancement à 2,15 %.
Christine Lagarde a souligné que l’inflation poursuivait sa décrue, mais que la bataille n’était pas encore totalement gagnée.
Cette prudence s’explique aussi par un facteur plus politique : la situation budgétaire de certains États membres, à commencer par la France.
Avec un déficit supérieur à 5 % du PIB et une dette publique proche de 115 % sans pour le moment d’accord pour le budget 2026 , la crédibilité budgétaire française inquiète Bruxelles comme les marchés. Certains redoutent que le risque français ne fasse ressurgir le retour de tensions souveraines au sein de la zone euro, mais la BCE veille.
Depuis 2022, elle dispose du Transmission Protection Instrument (TPI), un outil lui permettant d’intervenir sur les marchés obligataires si les écarts de taux d’un pays se creusent de manière injustifiée.
Autrement dit, un éclatement de la zone euro paraît hautement improbable ; une mise sous tutelle budgétaire partielle de la France, en revanche, semble beaucoup plus crédible puisque nous sommes toujours incapables de bâtir un budget suffisamment crédible pour redresser nos comptes publics.
Et comme souvent en Europe, la discipline viendrait alors… non pas de Paris, mais de Francfort.
Mais rassurons nous : si certains pays ont une longueur d’avance sur l’intelligence artificielle, la France, elle, conserve une avance incontestable en matière de créativité fiscale que même les puces les plus puissantes de Nvidia n’auraient pas osé imaginer.
On se demande d’ailleurs si nos brillants responsables politiques ne s’inspirent pas d’Albert Einstein, qui rappelait que « les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d’entre elles ne pourra en poser un. »
Sommet Xi–Trump : une trêve plus symbolique que stratégique
Le sommet du 30 octobre entre Xi Jinping et Donald Trump, premier du genre depuis 2019, s’est soldé par une simple trêve commerciale d’un an.
Les deux dirigeants ont affiché le sourire : Washington obtient un report d’un an sur les contrôles chinois des terres rares, Pékin s’engage à reprendre ses achats de soja américain et à coopérer sur le fentanyl.
Mais dans le fond, la Chine n’a rien cédé. Elle garde la main sur 90 % du raffinage mondial de terres rares, un levier colossal sur l’industrie technologique américaine.
Trump s’est félicité d’un « accord extraordinaire » (il a même parlé d’un 12 sur 10), mais le vrai gagnant est Xi jinping, qui sort renforcé sans avoir bougé d’un millimètre.
Cette rencontre n’aura donc produit qu’une pause tactique : les États-Unis jouent le court terme, la Chine le long.
En somme, Trump a gagné des caméras, Xi jinping a gagné du temps.
Focus : L’IA coûte cher. Très cher
Les publications des géants américains de la tech ont électrisé Wall Street mais pas toujours dans le bon sens.
Meta et Microsoft ont été sanctionnées malgré des résultats solides : leurs investissements massifs dans l’intelligence artificielle commencent à inquiéter les marchés, faute de retours tangibles. Les investisseurs s’interrogent désormais sur la rentabilité réelle de la révolution IA, plus coûteuse que prévu.
À l’inverse, Amazon, Apple et Alphabet ont mieux tiré leur épingle du jeu.
Le cloud d’Amazon (AWS) affiche sa plus forte croissance depuis 2022, et Apple continue de surfer sur la rentabilité de ses services, même sans innovation majeure côté produits. Quant à Alphabet, ses performances publicitaires ont rassuré, bien que ses dépenses dans le cloud restent scrutées.
Mais au-delà des résultats trimestriels, c’est l’ampleur des investissements dans l’IA qui commence à faire douter même les plus enthousiastes.
Selon UBS, 375 milliards de dollars seront investis cette année aux États-Unis dans ce secteur c’est tout simplement stratosphérique ! Data centers, puces, ingénieurs surpayés… les dépenses s’envolent, sans garantie de rentabilité avant plusieurs années.
Investir dans l’IA, c’est un peu comme planter une forêt en espérant récolter dans dix ans : l’idée est belle, mais il faut savoir attendre.
Il est donc toujours bon de se rappeler que, comme en toute stratégie d’investissement, la diversification et le facteur temps demeurent les clés. L’innovation est un moteur, pas un miroir : elle doit nous faire avancer, pas nous aveugler…
Bonne semaine à toutes et à tous !
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