La microéconomie fait patienter les marchés
À moins de dix jours du résultat présidentiel le plus attendu de 2024, dans une année électorale sans précédent qui aura placé 4 milliards de personnes devant les urnes (Taïwan, Finlande, Portugal, Indonésie, Russie, Corée du Sud, Belgique, Mexique, UE, UK), les marchés continuent de disséquer les résultats des entreprises pour le 3e trimestre. Ils affichent toujours plus d’exigence sur les profits attendus, sanctionnant durement les abaissements d’objectifs.
Le retour de l’inflation post-COVID a provoqué une rotation cyclique favorable aux entreprises dites « value », capables d’exercer un « pricing power », contrairement aux valeurs de croissance, mieux valorisées dans un environnement monétaire plus accommodant. La décrue de la hausse des prix, tout autre chose étant égale par ailleurs, a fatalement inversé la tendance : Stellantis, Vinci et Michelin ont publié des résultats en deçà des attentes, alors que Danone, Sanofi et Essilor se sont distinguées.
Harris ou Trump ?
Le dénouement de l’élection américaine reste toujours aussi incertain à moins de dix jours du scrutin. Les deux candidats restent au coude à coude dans les sondages, avec le risque d’une contestation sur le résultat final, dont on se souvient qu’elle avait provoqué l’assaut du Capitole par les partisans de Donald Trump après la désignation de Joe Biden en 2020. Le candidat républicain agite comme argument principal le « protectionnisme », avec un « Made in America » qui souffle sur les drapeaux Stars and Stripes hissés devant les maisons des citoyens américains, symbole du patriotisme et de l’attachement à la nation.
Le candidat républicain promet de ressortir sa meilleure arme : les droits de douane, avec une hausse de 60 % sur les importations en provenance de son meilleur ennemi commercial, la Chine, et de 10 à 20 % pour le reste du monde. Ces mesures de coercitions risquent de tendre un peu plus les relations sino-américaines dans un second round d’une guerre commerciale, dont le premier épisode avait provoqué des corrections de marché au dernier trimestre 2018. La position ultralibérale de Donald Trump devrait être favorable aux entreprises, suscitant un élan de générosité d’Elon Musk à hauteur de 75 millions de dollars dans la campagne présidentielle en faveur du candidat qui promet d’abaisser les impôts et la réglementation.
Ces stimulus sont de nature à booster la croissance, favorisant de facto le marché actions, mais pourraient aussi avoir un effet boomerang sur les prix. En effet, les hausses de tarifs douaniers corrélées à des allégements fiscaux (dont le coût estimé sur dix ans serait de 7 500 milliards de dollars) sont de nature à redonner un coup de fouet à l’inflation, nécessitant un ajustement monétaire contraire aux attentes des marchés.
De son côté, Kamala Harris s’inscrira dans la continuité de Joe Biden en se concentrant sur la réduction du coût des produits alimentaires, du logement et des soins de santé. La candidate démocrate promet de prolonger, à la différence de son opposant, la politique de transition énergétique mise en place par l’Inflation Reduction Act (IRA). Cette position devrait être favorable aux marchés financiers, et particulièrement aux matières premières (comme le cuivre, essentiel aux projets de batterie et d’électrification).
Le coût de son programme est certes moitié moins élevé que celui du candidat républicain, mais ce chiffre s’élève néanmoins à 3 500 milliards de dollars sur 10 ans, ce qui pourrait créer des tensions sur le marché obligataire.
Bonne semaine à toutes et tous,
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