Quand l'innovation nourrit la spéculation
La semaine dernière, je soulignais qu’en période d’euphorie boursière, la prudence restait de mise. Le marché américain nous en a donné une illustration à l’instar du S&P 500 qui, après un nouveau sommet en début de semaine, a enchainé trois séances consécutives de baisse, rappelant qu’aucune tendance haussière n’est linéaire, surtout lorsque les valorisations sont déjà tendues.
Il en faudra néanmoins davantage pour offrir aux vendeurs à découvert le scénario rêvé d’un krach façon 2000 ou 2008. À ce stade, ni éclatement de bulle, ni crise du crédit systémique ne se profilent à l’horizon.
Reste que de plus en plus d’analystes soulignent les ressemblances frappantes entre l’engouement actuel pour l’IA et la frénésie Internet qui avait précédé le retournement brutal des marchés à l’aube du nouveau millénaire.
Dans les deux cas, une technologie perçue comme révolutionnaire suscite un engouement massif, même si son modèle économique reste encore flou pour une grande partie des acteurs. À l’époque, il suffisait d’ajouter « .com » à son nom pour lever des millions ; aujourd’hui, il suffit souvent d’annoncer un virage vers l’IA pour voir sa valorisation s’envoler.
On retrouve également le même afflux de capitaux : les investisseurs avaient alimenté une véritable ruée vers les valeurs technologiques dans les années 1990 ; aujourd’hui, les géants comme Nvidia, Microsoft ou Meta annoncent des plans d’investissement colossaux, plus de 650 milliards de dollars sur douze mois, tandis que des startups lèvent à tout-va, parfois sans modèle économique solide.
Les valorisations atteignent des niveaux extrêmes, portées par un récit puissant selon lequel l’IA va transformer l’économie mondiale aussi profondément qu’Internet l’a fait en son temps.
Le comportement des investisseurs rappelle aussi cette époque : la peur de “rater le train” (FOMO) pousse particuliers et institutionnels à renforcer la hausse, tandis que la liquidité abondante et la détente monétaire créent un terrain fertile pour la spéculation.
Alors, faut-il ressortir rapidement ses bas de laine ou se précipiter sur le métal jaune, cette valeur refuge dont le prix a presque doublé en quatre ans ?
Pas nécessairement, car il existe des différences majeures, notamment dans la structure du marché. À la fin des années 1990, les leadeurs de la “nouvelle économie” étaient souvent jeunes, peu rentables et fragiles ; aujourd’hui, l’IA est tirée par des entreprises déjà ultrapuissantes et profitables, capables d’investir massivement dans leurs infrastructures.
Vendredi la publication des chiffres du PCE (l’indice mesure l’évolution des prix à la consommation aux États-Unis) a été plutôt bien accueillie par les marchés bien qu’ayant livré peu de surprises.
L’indice global progresse de +0,3 % en août (+2,7 % sur un an), tandis que le PCE “core” (hors énergie & alimentaire) reste stable à +2,9 %. Autrement dit, les prix continuent d’avancer à un rythme supérieur à l’objectif de 2 % de la Fed, sans pour autant montrer d’emballement inquiétant.
Les investisseurs y ont vu la confirmation que la Réserve fédérale dispose encore d’une marge de manœuvre pour assouplir sa politique monétaire et vise toujours deux baisses de taux d’ici la fin de l’année.
Enfin, cela faisait un moment qu’on n’avait pas assisté à un “Trump classique », faute d’un ascenseur opérationnel et d’un prompteur fiable, le président américain a ressorti sa spécialité maison : une salve de droits de douane, cette fois sur les produits pharmaceutiques à moins que vous ne produisiez “made in USA”, évidemment.
Et puisqu’un spectacle en appelle un autre, place maintenant au shutdown*. Le financement actuel du gouvernement fédéral américain arrive à échéance le 30 septembre 2025, ouvrant la voie à un scénario bien connu à Washington. Le bras de fer commence souvent par un simple désaccord budgétaire, mais il se transforme rapidement en confrontation politique entre républicains et démocrates, chacun cherchant à faire plier l’autre pour imposer ses priorités. Cette année ne fait pas exception : à quelques jours de la date limite, aucun compromis n’a été trouvé, faisant planer la menace d’une fermeture partielle de l’administration fédérale dès le 1er octobre.
Reste que les précédents plaident pour une issue favorable : jusqu’ici, un accord a toujours été trouvé, généralement in extremis, limitant l’impact économique réel de ces épisodes politiques.
Bonne semaine à toutes et à tous !

Pour tout renseignement complémentaire, contactez un conseiller.
*Shutdown : l’arrêt des activités gouvernementales lorsque le président et une, voire les deux chambres, n’arrivent pas à trouver un accord concernant les allocations budgétaires avant la fin du cycle budgétaire en cours.
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