Vendez l'Amérique
Cette semaine, il ne fallait pas être sujet au mal de cœur : les marchés ont embarqué les investisseurs dans un véritable grand huit, avec aux commandes le président américain. Après avoir imposé des droits de douane à plus de 60 pays, ce dernier a visiblement connu une chute de testostérone, le conduisant à suspendre ses taxes à l’importation… pour 90 jours.
Cette volteface a provoqué un rebond spectaculaire des indices boursiers. Le S&P 500, qui avait perdu 15 % depuis le début de l’année, a enregistré mercredi sa plus forte hausse depuis 2008, s’adjugeant +9,5 %. Le Nasdaq, de son côté, a bondi de 12,16 %, signant la deuxième meilleure séance de son histoire. Preuve, une fois encore, qu’il est toujours bon de garder son sang-froid dans les phases de baisse.
Pour justifier ce revirement de situation, le président américain a tenté d’expliquer que cela faisait suite aux nombreux appels du pied de ses partenaires internationaux pour le dire de manière plus élégante que lors du grand gala des républicains où Donald Trump s’était vanté que les pays étrangers voulaient lui (kissing my ass).
Mais sommes-nous obligés de le croire ? D’ailleurs, plus personne ne semble réellement accorder de crédit aux annonces décousues d’un président censé incarner un système autocratique, mais qui, en pratique, pose une question simple : dire, est-ce faire ?
La raison la plus crédible à ce retournement de veste se trouve dans l’observation des cours du marché obligataire, et plus précisément sur la dette américaine, pourtant considérée comme une valeur refuge en période de crise, mais dont certains investisseurs ont préféré se délester inquiets des risques économiques posés par les surtaxes douanières.
Ce risque avait d’ailleurs déjà été identifié par Scott Bessent, le nouveau secrétaire au Trésor américain, qui avait alerté Donald Trump en début de semaine sur les conséquences d’une guerre commerciale mal calibrée, et sur les risques de dérapage budgétaire liés à une explosion des rendements sur les Treasuries.
S’il y a bien un domaine dans lequel les Américains n’ont rien à nous envier, c’est leur niveau d’endettement ! Un sujet que nous avions déjà abordé dans notre newsletter du 18 novembre dernier à la lecture du programme dispendieux et protectionniste du locataire de la Maison-Blanche.
Alors qu’en France, Monsieur Lombard vient d’annoncer qu’il faudra réaliser 40 milliards d’euros d’économies supplémentaires pour ramener le déficit à 4,6 % en 2026, les États-Unis, eux, font face à un déficit de près de 8 %, pour une dette vertigineuse de 35 000 milliards de dollars.
Jusqu’à présent, rares étaient ceux qui s’inquiétaient du niveau d’endettement de la première puissance économique mondiale, considérant qu’elle possédait un totem d’immunité à savoir, comme le qualifiait Valéry Giscard d’Estaing, « le privilège exorbitant » de la première monnaie au monde : le dollar.
L’hégémonie du dollar — présent dans plus de 50 % des échanges mondiaux et représentant 60 % des réserves de change officielles — permet aux États-Unis de jouer le rôle de première banque mondiale. L’attractivité du billet vert leur assure un financement confortable : les obligations privées financent le déficit commercial, tandis que les titres du Trésor soutiennent la dette publique.
Mais ce cercle vertueux repose sur un pilier unique : la confiance. Or, en déclenchant une guerre commerciale mondiale, l’administration Trump pourrait susciter une défiance globale qui, à terme, pourrait aboutir à une dédollarisation du système monétaire international.
Ce scénario peut paraître extrême, mais il mérite réflexion. Les principaux détenteurs étrangers de la dette américaine sont la Chine et le Japon. Et dans le nouvel ordre mondial, les BRICS ont lancé l’an dernier un projet de création d’une monnaie commune destinée à concurrencer le dollar.
En attendant, la guerre commerciale est en pause, sauf pour le meilleur ennemi des États-Unis : la Chine. Pékin fait désormais face à des droits de douane de 145 %, et a répliqué en taxant à 125 % les marchandises importées depuis les États-Unis.
L’administration Trump a néanmoins décidé d’exonérer les travailleurs américains d’assembler nuit et jour des smartphones et des ordinateurs et de leur éviter de débourser 300 dollars de plus pour l’achat de leur iPhone en exonérant de taxes ces produits.La semaine prochaine sera écourtée sur les marchés en raison du Vendredi Saint. Elle marquera aussi le lancement de la saison des résultats, avec en ouverture, dès lundi, les chiffres de LVMH.
Bonne semaine à toutes et tous.s
Vincent BARBIER
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